Vers la fin de l’euro ?

Une question légitime

L’avènement en 1999 sur les marchés et en 2001 pour tous du projet d’Union monétaire (créée par le Traité de Maastricht en 1992) entre aujourd’hui 19 pays regroupés dans l’eurozone a été le coup fatal porté à l’Union Européenne, comme le démontre magistralement le graphique ci-dessus : tant que le taux de change, certes encadré par le Serpent monétaire européen, était flottant entre les devises des Etats-membres, les écarts de productivité et de compétitivité entre pays s’ajustaient par un mécanisme de marché, c’est-à-dire de flexibilité de leurs monnaies et, comme on le voit, tout va bien entre 1975 et 2000 : l’indice de la production industrielle suit la même évolution en Allemagne, en France et en Italie, au taux de croissance annuel moyen de 2,5%.

Mais depuis 2000, depuis que tous les entrepreneurs de la zone euro doivent chausser du 42 (qu’ils fassent du 44 comme les Allemands ou du 38 comme les Italiens ou les Français) puisque le taux de change est désormais fixe (à 1 € = 6,55957 FF par exemple), seul le profit des entreprises peut servir de marge d’ajustement pour compenser les écarts de compétitivité entre pays, ce qui a conduit l’Allemagne à voir son indice de la production industrielle progresser de 20% depuis cette date, contre -22% pour l’Italie et -10% pour la France ! La monnaie commune, calquée comme chacun sait (sauf Mitterrand) sur le Deutsch Mark, a donc tué le tissu industriel italien et dévasté celui de la France.


A quand donc le cauchemar constructiviste de l’euro va-t-il prendre fin ?

Deux hypothèses sont plausibles

1ère hypothèse : Les « frugaux » (bons élèves) en ont assez de l’incurie des pays du Sud.

Dans ce 1er scénario, les pays qui sont de bons gestionnaires, en général en double excédent commercial (pays exportateurs) et public (pas de déficit, dette soutenable) pourraient finir par en avoir assez de payer pour les « passagers clandestins » que sont les pays du Sud, importateurs nets, aux déficits publics et à l’endettement public vertigineux.

Parmi eux, on compte l’Allemagne qui, à la surprise générale, a accepté, l’été dernier, le principe, pourtant interdit jusque là par les Traités de l’UE, de mutualiser la dette CoVid et donc, pour le dire ainsi, de faire payer aux Grecs le taux allemand, ce qui, comme dit Charles Gave, « est très bien pour les Grecs mais nettement moins pour les Allemands ». La Cour constitutionnelle de Karlsruhe a d’ailleurs déjà prévenu que la Constitution allemande ne permet pas à la Banque Centrale allemande (Bundesbank) de racheter de la dette mutualisée, ce qui pourrait finalement conduire Berlin à sortir de l’euro et donc, comme pays fondateur, de l’UE.

2nde hypothèse : Le « Club Med » quitte le navire.

A moins, scénario qui a notre préférence, que ce ne soient les peuples des pays les plus déficitaires et endettés (Italie, France, voire Espagne) qui ne poussent dehors leurs élites européistes, à la faveur de consultations électorales de premier plan (2022 en France, 2023 en Italie), sur fond de crise sanitaire (qui, des masques aux vaccins, a montré les failles d’une « Europe de la santé ») et de crise de la représentativité, au bénéfice de leaders « populistes » au bon sens du terme (respectueux du peuple) qui entameront un « Frexit » ou un « Italexit ». Les Britanniques ont montré la voie. Sauf à ce qu’il n’y ait un « Bruxit », c’est-à-dire une volonté commune de sortir directement Bruxelles et sa bureaucratie soviétisante de l’UE.

Au sein de Samarie & Cie, nous pensons impossible que les choses continuent en l’état au plan européen : la confiance dans l’UE s’effondre un peu partout (voir carte ci-dessous) et nous sommes convaincus que l’UE est la nouvelle URSS du XXIème siècle, le recul des libertés, la paupérisation et les pénuries étant hélas déjà là pour nous conforter dans notre analyse…