Krach 2023 : vers une inflation durable ?

Les questions pleuvent pour savoir comment et par où nous allons sortir de la situation économique plus qu’explosive dans laquelle l’Occident – France en tête – n’a de cesse de s’enfoncer depuis 1971 (fin de la convertibilité or du dollar américain : “Dollar is our currency, but it is your problem” dixit John Connally, secrétaire au Trésor sous Nixon), avec une accélération forte depuis 2008 et vertigineuse depuis 2020.

Les monétaristes ont raison : avec un bilan des banques centrales européenne (BCE) et américaine (FED) qui a quadruplé depuis 2009 (doublé entre 2009 et 2020 puis doublé à nouveau depuis 2020), atteignant désormais, chacun, la rondelette somme d’environ 8000 Mds € (9000 Mds $), tout ne pouvait que finir en inflation, la quantité astronomique de monnaie créée se répandant – à partir des actifs financiers, c’est la fameuse loi de Gresham, laquelle explique les bulles que nous avons successivement connues (immobilière, boursière) – sur une quantité de biens et de services augmentant beaucoup plus faiblement que la masse monétaire. La guerre en Ukraine est venue assaisonner la situation, qui ne manquait déjà pas de piquant, puisque le pic inflationniste sur l’énergie remonte en France, contrairement à ce qu’on peut lire y compris sous la plume d’économistes patentés (à moins que ce ne soit justement parce qu’ils sont patentés…), à l’automne 2021, soit quatre bons mois avant le déclenchement de l’Opération spéciale en Ukraine !

Pour juguler cette inflation galopante dont l’Exécutif a déjà annoncé quinze fois le “pic”, le “plateau” ou la dernière “vague”, la vérité macroéconomique se situe quelque part dans un relèvement des taux – à la Volcker – précisément à hauteur de cette inflation, soit, actuellement, environ 7% en glissement annuel. Étranglant les finances publiques et mettant déjà en faillite cinq banques américaines (SVB, FRB, Silvergate, Signature) ou suisse (Crédit Suisse), le “quantitative tightening” des banquiers centraux non seulement ne parvient pas à faire rentrer le dentifrice de l’inflation dans le tube, mais alourdit au-delà du supportable pour les marchés le service de la dette souveraine des pays occidentaux. Avec 3 trillions de dette publique, 7% de taux d’intérêt en France, c’est, à l’horizon 2026-2030, environ 200 Mds € annuels d’intérêts, soit une fois et demi les recettes de la TVA !!! Intenable.

L’Exécutif, français notamment, n’ayant pas vraiment les coudées franches – en pleine contestation sociale – pour procéder au haircut immobilier ou patrimonial dont rêve secrètement Mme Lagarde (et qui serait un jeu d’enfant si les CBDC, comprendre l’€num, voyaient le jour), la hausse des taux directeurs est donc condamnée à se calmer et même à s’inverser – ce qu’on appelle le “pivot” des banques centrales. La FED devrait arrêter la première (ayant commencé plus vite et plus fort que les autres), ce qui devrait renforcer, conjoncturellement, l’euro face au dollar. Les traders du forex peuvent jouer cette carte.

Mais l’inflation, elle, que va-t-elle faire ?

Le pivot des banquiers centraux, conjugué au sous-investissement structurel dans les énergies fossiles – réchauffisme oblige – et à l’enlisement, en réalité maîtrisé par Poutine, du conflit russo-ukrainien, plaident tous pour une désinflation (soit un ralentissement de la hausse des prix), laquelle devrait conduire l’évolution annuelle de l’indice des prix à la consommation (IPC), en tout cas en zone euro, à se stabiliser autour de 5%. Les taux, tant court terme que long terme, restant, pour des raisons d’équilibre des marchés de capitaux, autour de 3% en nominal, cela signifie pour l’épargnant français un statu quo figeant durablement dans le négatif les taux d’intérêts réels (i.e. déduction faite de l’inflation), autour de de -2%.

Quels arbitrages en tirer ?

  1. Votre retraite ne sera pas payée.
  2. Vous endetter vous reste favorable, notamment pour acquérir de la pierre. Je vous renvoie à mes dossiers sur la pierre et sur l’épargne bancaire, qui montrent qu’il faudra sortir du crédit fiduciaire dès lors que l’inflation se calmera durablement, pour repasser en-dessous des taux courts.

Mais qui dit inflation, dit débancarisation dans les autres actifs tangibles complémentaires à la pierre : la terre (forêt, foncier, bétail) et surtout les métaux précieux (or, métaux blancs).

Rechercher un rendement au moins égal au taux d’inflation annuel de long terme, que nous estimons à 5%, est dont un impératif catégorique, en direction duquel les équipes de Samarie & Cie et du Courrier des Stratèges vous accompagnent.

Florent Ly-Machabert