Qui supporte vraiment l’inflation ?

Question douloureuse mais réponse, hélas, très simple !

Les courbes ci-dessous représentent, en 1980 à gauche et en 2014 à droite, l’évolution des revenus réels, c’est-à-dire corrigés de l’inflation, des plus modestes aux plus riches. La rupture est saisissante, puisqu’en 1980, année qui a connu un taux de croissance annuel moyen des revenus de 2%, on voit clairement que ce sont les plus pauvres qui augmentent leurs revenus le plus vite (+3,5% par exemple pour les 5% de la population les moins aisés, contre une hausse des revenus inférieure à 1,5% pour les 20% les plus riches), alors que 34 ans plus tard, ce sont les 10% les plus aisés qui augmentent le plus, et exponentiellement, leurs revenus (jusqu’à +6% pour le top 1%), tous les autres enregistrant une hausse de leurs revenus inférieure au taux de croissance annuel moyen de 1,4%.

Source : LISC

Non seulement on peut en déduire que les inégalités entre riches et pauvres ont explosé entre les deux dates, mais la situation ne s’est pas arrangée depuis 2014 ! En effet, la politique monétaire expansionniste liée au Covid depuis 2020 (intervenue en réalité pour masquer la nouvelle crise financière qui couvait) a encore aggravé la situation en permettant aux ultra-riches de capter presque toute la « richesse créée », ou plutôt, en l’espèce, toutes les liquidités injectées par la banque centrale et qui sont venues alimenter les marchés boursiers et immobiliers, sur lesquels les riches étaient déjà très investis. 

Par ailleurs, le surplus d’épargne financière des ménages lié à la crise Covid et que nous voyons dans le graphique ci-dessous (avec projections pour 2022-2023) a été capté à près de 80% par les 20% – à  nouveau – des ménages les plus aisés, le reste des ménages français devant immédiatement mobiliser les aides gouvernementales voire leur épargne d’avant-crise pour faire face, notamment, aux confinements successifs.


Ajoutons à cela que la part des dépenses contraintes, qui, comble de malheur, concerne des secteurs actuellement très inflationnistes (l’énergie, l’alimentaire, mais aussi le logement dans une moindre mesure) est d’autant plus grande que les ménages sont modestes : elle est proche de 100% pour les premiers déciles qui ont une propension marginale à épargner quasi nulle et très faible pour les déciles les plus élevés qui se caractérisent par une propension marginale à épargner très grande.

Tout se combine donc actuellement pour continuer à appauvrir drastiquement les classes modestes, ce qui n’augure rien qui vaille pour la paix sociale. Mais il paraît que c’est le petit secret des politiques communistes…       

Florent Ly-Machabert