La visite de Macron fait les affaires de Xi.
Le CIPS
L’éviction du système SWIFT imposée par les pays occidentaux a conduit Moscou à chercher refuge ailleurs et à étudier des alternatives. En effet, les banques russes se sont immédiatement tournées vers le système de paiement interbancaire transfrontalier (CIPS). Développé par la Chine (principal partenaire commercial et, désormais, géopolitique, de la Russie) en 2015, le système de paiement CIPS est principalement utilisé pour régler les crédits internationaux en yuan.
Il permet aux banques mondiales d’effectuer des transactions transfrontalières directement en yuan sur le territoire national, plutôt que par l’intermédiaire de banques de compensation dans des centres offshore, et vise à faire de la monnaie de Pékin une monnaie de réserve mondiale à part entière.
Nous pouvons noter que le système chinois a traité environ 80 000 Mds de yuans, soit 12 680 Mds $, en 2021, soit une augmentation de 75% en glissement annuel. Le CIPS gère notamment 23 banques russes, mais également des banques occidentales telles que HSBC, Standard Chartered, Citigroup et BNP Paribas…
17,5% des relations commerciales entre Pékin et Moscou passant par le yuan, les banques russes ont décidé de se tourner vers le partenaire le plus naturel, ainsi que de développer davantage leur propre système de paiement transfrontalier SPSF, créé en 2014, lors du précédent train de sanctions européennes (crise du Donbass). Plus l’UE sanctionne, plus l’axe sino-russe se renforce.
Les sociétés chinoises impliquées dans le développement du CIPS sont celles qui profitent le plus de ce déplacement vers l’est, comme HyUnion Holding et Shenzhen Forms Syntron Information. Les actions de ces sociétés sont ainsi toutes deux en hausse à la Bourse de Shenzhen (voir graphiques ci-dessous).


Les nouvelles sanctions ont concrètement exclu sept banques russes du système de paiement SWIFT selon le journal officiel de l’Union Européenne. Ces dernières avaient eu 10 jours pour arrêter leurs opérations sur le système de paiement.
Ces banques privées ont été sélectionnées pour leur liens étroits avec l’État russe. Les banques publiques sont déjà sous le coup de sanctions depuis l’annexion de la Crimée. Cependant, les sanctions épargnent Sberbank, la plus grande banque de Russie, puisque cette dernière est le principal canal de paiement pour les importations européennes de gaz et de pétrole russes, lesquelles ont considérablement décru suite aux trains de sanctions intervenues depuis…
Coup de bluff ou coup de maître ?
Cependant, de nombreux experts affirment que le gouvernement russe n’a pas la capacité de remplacer complètement le mécanisme de messagerie SWIFT, utilisé par les institutions financières du monde entier pour les paiements transfrontaliers. Il s’agit, tout de même, du principal canal de communication transfrontalier pour les institutions financières mondiales. Il est utilisé par plus de 11 000 entreprises et organisations à travers le monde.
Le CIPS n’aurait pas suffisamment de banques participantes, bien qu’il ait réussi à en attirer 672 indirectement de l’étranger. Il ne compte que 76 participants directs, pour la plupart des filiales à l’étranger ou des filiales de banques chinoises.
Seuls les participants directs peuvent échanger des informations via CIPS, tandis que les participants indirects échangent principalement des informations avec des participants directs via SWIFT.
L’exclusion de certaines banques russes de SWIFT ne peut les empêcher de régler des paiements transfrontaliers avec d’autres institutions financières internationales. L’interdiction signifie que les banques russes ne pourront pas communiquer avec d’autres banques via SWIFT. Elles peuvent toujours choisir d’autres moyens de communiquer, y compris des télégrammes cryptés et même des e-mails. Mais ces méthodes peuvent être inefficaces, risquées et coûteuses.
Toujours est-il que ce n’est pas le tact diplomatique de Macron, très mal accueilli par ailleurs, lors de sa dernière visite à Pékin qui aura permis une quelconque inflexion en quelque matière que ce soit.
Florent Ly-Machabert
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