Vers une « hausse de misère » des actions dans les pays qui détruisent leur monnaie ?
Au sein de l’OCDE, à l’évidence, la mode est à la destruction de la monnaie.
Depuis la crise des subprimes, le bilan de « petites » banques centrales, comme la FED pour les USA ou la BCE pour la zone euro a quadruplé, atteignant, pour chacune de ces jumelles, la seconde copiant la première, environ 9 000 Mds $, soit quelque 8 000 Mds €.

Si Mme Kristalina Georgieva, directrice générale du FMI, a un jour craché le morceau en révélant que trop de monnaie avait « bien évidemment » été injectée ces dernières années, Mme Lagarde, elle, alias ChLag, patronne de la BCE, s’est enferrée dans le mensonge, en déclarant successivement qu’il n’y avait « pas d’inflation », puisqu’elle était « temporaire », pour enfin affirmer qu’elle était « due à la guerre en Ukraine » : on ne répètera jamais assez que le pic énergétique européen remonte à octobre 2021, date à laquelle Poutine songeait peut-être à intervenir en Ukraine, mais ne l’avait pas encore fait !
L’embêtant quand on monétise sa dette publique, c’est que cela fait, tôt ou tard (et parfois cela prend des années), plonger sa monnaie nationale. Sir Thomas Gresham, dès le milieu du XVIe s., ne disait pas autre chose, lui qui a donné son nom à une loi qui établit que « la mauvaise monnaie chasse la bonne » ; Voltaire non plus lorsqu’il affirmait qu’« une monnaie papier, basée sur la seule confiance dans le gouvernement qui l’imprime, finit toujours par retourner à sa valeur intrinsèque, c’est à dire zéro. »
Et nous voilà arrivés dans un monde économique et financier où 60% des transactions se font encore dans une monnaie, le dollar américain, qui a perdu 98% de sa valeur face à l’or depuis 1913, année de création de sa banque centrale ! Il en va de même pour l’euro, qui, face au dollar, a perdu, depuis la crise de 2008, plus de 30% de sa valeur ; ce seul fait explique en grande partie le prix à la pompe en 2023, le cours du baril de pétrole s’étant, pour sa part, replié de 50% sur la même période !
Sauf que, nous en parlons souvent, le monde hors OCDE, BRICS en tête, se dédollarise, à vitesse V. Les réserves de change en dollars, dont Moscou garde un mauvais souvenir depuis leur gel – ou plutôt leur vol – en représailles de son opération spéciale contre Kiev en février 2022, deviennent une patate chaude dont un nombre croissant de pays veut se débarrasser. La Chine, par exemple, ex premier créancier des USA, s’est ainsi séparée de près de 600 Mds $ de bons du Trésor US depuis 2016. Et le mouvement semble s’accélérer, et atteindra ensuite, n’en doutons pas, les obligations des pays européens. Et que vont faire le Japon, la Chine, le Royaume-Uni, la Belgique, bref tous les principaux créanciers de la dette publique fédérale américaine, de ces mauvais dollars issus de la revente de ces obligations US ? Ils vont vite s’en débarrasser et, comme il n’y a en finance que des contrats ou des titres de propriété, et qu’ils viennent de vendre les contrats (les titres de dette), il ne leur restera plus qu’à acquérir des actions libellées en dollar, voire en euro. Petit volume par petit volume. En désespoir de cause. Les actions américaines devraient donc continuer de monter, peut-être aussi les actions européennes, car l’euro aveugle ne vaut pas mieux que son cousin dollar borgne, et c’est ce qu’on appelle une « hausse de misère ». La banque centrale suisse, la BNS, par exemple, fait déjà ses réserves de change en actions américaines, notamment de la tech et des GAFAM, dont elle a fini par devenir un gros actionnaire. C’est probablement ce qui attend les banques centrales chinoise, indienne, brésilienne, sud-africaine. Russe ? Cela semble plus compliqué pour des raisons géopolitiques. Mais, après tout, Poutine n’est qu’un autre type de mondialiste, plus « patriote » et « conservateur » qu’un Biden ou un Macron aux factions desquelles il s’oppose.
Un autre exemple pourrait illustrer notre propos : le cas turc.
Il est de notoriété publique que l’inflation en Turquie atteint 40%.

Les Turcs, mais aussi les épargnants étrangers, utilisent donc la livre turque au quotidien (qui a cours forcé et légal), mais, conformément à la loi de Gresham, ils cherchent à rompre toute attache avec elle pour leurs investissements. Là encore, une « hausse de misère » – mais hausse tout de même – de la place boursière d’Istanbul est tout sauf improbable. Idem avec les placements immobiliers, pour peu qu’on prenne le soin d’éviter les zones sismiques… Et l’on pourrait de la sorte dupliquer notre raisonnement avec le Liban (260% d’inflation), dont et la bourse et l’immobilier (Beyrouth ?) pourraient boomer.
Faites vos jeux !
Florent Ly-Machabert
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