Quelle thérapie de choc pour remonter la pente ?
Nul besoin de revenir ici sur la litanie des maux économiques dont souffre la France. Envisageons en revanche les 7 réformes prioritaires que le prochain Chef de l’État devra mettre en œuvre :
1) Baisser les impôts pour tous les Français
A défaut d’avoir une ambitieuse réforme fiscale qui passerait pas une réduction drastique de la TVA (qui opère une redistribution à l’envers, des plus modestes vers les plus riches, mais qui constitue, et de loin, la principale ressource fiscale de l’État), il faut en finir avec les baisses d’impôts inégales ou en trompe-l’œil : inégales quand elles ne concernent que les ménages les « plus modestes » et jamais ni les classes moyennes, ni les classes aisées, ni les entrepreneurs ; en trompe-l’œil quand elles consistent en la disparition d’un impôt (taxe d’habitation sur la résidence principale par exemple), compensée par l’explosion d’un autre (taxe foncière), quand il ne s’agit pas de la création d’une nouvelle contribution.
2) Réduire les dépenses publiques
Avec l’équivalent de près de 57% du PIB, les dépenses publiques sont très largement excessives en France. Il faut les réduire assez drastiquement, d’autant que le point 1) induit une baisse des recettes fiscales, qui pourra créer un choc positif sur la demande (consommation des ménages et investissement des entreprises). La baisse des dépenses publiques ne doit pas aboutir à une dégradation de la qualité (déjà faible) des services publics : elle doit en revanche permettre leur rationalisation via l’inversion de la pyramide de la masse salariale : dégraisser les administrations centrales (c’est-à-dire les bureaux des ministères) et les services déconcentrés (préfectures, rectorats, etc.), par le non renouvellement sec des départs à la retraite, pour redistribuer l’enveloppe salariale en direction des personnels de terrain qu’on rémunèrera mieux et dont on augmentera les embauches : gendarmes, policiers, enseignants, personnels soignants, magistrats, etc.
3) Diminuer le coût du travail
Le coût du travail est exorbitant en France, eu égard à l’existence même et au niveau du salaire minimum, qui génère à lui seul une partie tout à fait substantielle du chômage structurel français. Il faudrait idéalement réduire voire supprimer le SMIC et surtout, ce qui est moins explosif, réduire les charges salariales et patronales, qui pèsent, pour les premières, sur le pouvoir d’achat des salariés et, pour les secondes, sur la capacité des employeurs à embaucher.
4) Moderniser notre marché du travail
Notre code du travail fait plus de 3000 pages, celui de la Suisse une trentaine ! Il faut considérablement assouplir et simplifier la législation protectrice de l’emploi (LPE) qui fixe les conditions d’embauche et surtout de licenciement des salariés. Autre priorité : supprimer le caractère obligatoire des 35 heures qui, avec l’euro, ont plombé la compétitivité-prix des produits français, en particulier dans l’industrie.
5) Innover massivement tous secteurs confondus
Si le poids du déficit public et de la dette publique dans le PIB est colossal en France, il n’en est rien des dépenses en R&D, qui ne pèsent que 2,3% du PIB. C’est insuffisant pour un pays développé à économie de marché (PDEM), même si nous sommes devant le Canada (1,84%), le Royaume-Uni (1,71%), l’Italie (1,51%) et l’Espagne (1,41%). En revanche, la Suède et la Finlande caracolent en tête avec respectivement 3,49% et 2,91%. Hors Europe, c’est, sans surprise, la Corée du Sud qui décroche la médaille d’or (4,3%), Israël l’argent (4,1%) et le Japon le bronze (3,4%). La Suisse, l’Autriche, le Danemark sont également bien classés. La France n’est que 13ème !

6) Faciliter le financement de l’économie
Dans un contexte, plutôt sain, de relèvement des taux d’intérêt par la BCE qui redonne du prix au risque, l’accès au crédit des entreprises pour financer leurs investissements se complique. Le point positif est que seuls les projets vraiment rentables – le contraire des « entreprises zombies » – c’est-à-dire ceux qui actuellement rapporteront plus de 3,3% à échéance 10 ans, sont finançables. Cette situation fait éclater les bulles et assainit un tissu économique drogué à l’argent gratuit (taux zéro voire taux réel négatif) depuis 15 ans. Il faut donc diversifier les voies d’accès au financement, en étendant les réseaux de private equity (non coté) et plus largement le capital-risque.
7) Développer la culture économique des Français
C’est la raison d’être de Samarie & Cie ! La culture économique et financière des Français est mauvaise et l’Etat n’est que trop rarement leur ami. Ils doivent se prendre en mains, se former, se reformer et parfois même se réformer. Il n’est jamais trop tard. Abonnez-vous par exemple à Finance & Tic.

Florent Ly-Machabert
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