Great Reset : où en est la voiture électrique ?

Mirage ou réalité ?

J’ai appris au cours d’une récente discussion que le véhicule neuf, toutes motorisations confondues, le plus vendu au monde au premier trimestre 2023 était désormais… la Tesla Model Y, ce que la Une du Figaro en juin dernier allait rapidement confirmer !

Avec 267 000 Model Y vendus, Tesla détrône ainsi le véhicule, pourtant thermique, d’un autre pionnier de l’électrique (avec la Prius) : la Toyota Corolla, dont il ne s’est vendu entre le 01/01/2023 et le 31/03/2023 « que » 256 400 exemplaires dans le monde. Si l’on peut incontestablement saluer un succès pour la firme du milliardaire Elon Musk, doit-on cependant en déduire qu’une « révolution électrique » est vraiment en route ? C’est ce à quoi nous allons tenter de répondre à présent.

Perspectives de la filière électrique dans l’automobile

Mise sur le marché en 2020, la Model Y a pratiquement doublé ses ventes entre 2021 et 2022 (+91%), pour faire encore +67% entre le 1er trimestre 2022 et le 1er trimestre 2023, avec des performances marquées en Chine, aux USA et en Europe (sauf en France où les constructeurs nationaux sont encore préférés par les consommateurs). En nombre de véhicules vendus dans le top-5, c’est cependant Toyota qui s’impose, l’un de ses modèles occupant respectivement la 2e (Corolla donc), la 3e (Hilux), la 4e (RAV4) et la 5e (Camry) place, les pays émergents appréciant particulièrement ces différents modèles, fiables et moins onéreux qu’une Tesla.

Quand on regarde les ambitions des grands constructeurs mondiaux (voir graphique ci-dessous), les plus désireux de développer leurs ventes en électrique sont l’Américain Ford (qui veut atteindre 100% de ses ventes en Europe dès 2026 !) et le Suédois Volvo (50% dans le monde en 2025 et 100% en Europe en 2030).

D’autres sont plus modestes (à moins qu’ils ne soient plus réalistes…), à l’instar d’Honda (40% d’électriques et d’hybrides en 2030), Mercedes (50% en 2030), le chinois BAIC qui produit la low cost Seagull by BYD[1] (50% en 2030), Stellantis (70% en Europe et 35% en Chine et aux USA à horizon 2030) ou encore Volkswagen (70% en Europe et 50% en Chine et aux USA à horizon 2030).

D’autres, enfin, semblent vouloir faire sans, comme Mazda qui n’a présentement qu’un seul modèle électrique et compte n’atteindre 5% de ses ventes en électrique qu’en 2030.

On rappelle que le développement de véhicules électriques ne répond en rien aux enjeux climatiques, car, si, une fois construite, un EV n’émet en effet plus de CO2, sa production en rejette au moins autant (voire plus selon les modèles) que celle d’un véhicule thermique, sans compter les problématiques liées aux terres rares (comme le lithium) nécessaires à la fabrication des batteries. L’actuel PDG de Stellantis, Carlos Tavares, n’a de cesse d’ailleurs de fustiger le « tout électrique », qui ne peut correspondre aux besoins de tous les consommateurs et qui, il le dit clairement, ne peut en rien constituer une baguette magique pour « sauver la planète ».  L’Union européenne, toujours prompte au suicide économique, s’est d’ailleurs déjà logé une balle dans chaque jambe, avec, d’une part, l’interdiction de vendre des véhicules légers thermiques neufs à compter de 2035 et, d’autre part, les sanctions économiques contre la Russie qui ont privé des pays comme l’Allemagne d’une énergie (gaz, pétrole) bon marché pour sa production industrielle, et notamment automobile.   


[1] Qui pourrait prochainement inonder l’UE et les USA à 11 000 $ pièce…

Florent Ly-Machabert