Plaidoyer pour le climato-réalisme (1/2)

COMME VOUS LE SAVEZ, CHEZ SAMARIE & CIE, NOUS SOMMES GÊNÉS PAR LE DISCOURS APOCALYPTIQUE AUTOUR DU « RÉCHAUFFEMENT CLIMATIQUE », DISCOURS SCIENTISTE QUI REMONTE AU MOINS A 1972 (RAPPORT MEADOWS, CLUB DE ROME). BIEN QU’AUCUNE DE SES PRÉDICTIONS NE SE SOIENT RÉALISÉES EN UN DEMI-SIÈCLE, CETTE IDÉOLOGIE, QUI COMBINE ALLÈGREMENT DIAGNOSTIC MALTHUSIEN ET SOLUTIONS MARXISTES, CONTINUE DE PROSPÉRER. NOUS TENTONS ICI RÉFLÉCHIR PLUS AVANT SUR CETTE THÉMATIQUE EN EXAMINANT LE DERNIER RAPPORT DE L’ASSOCIATION DES CLIMATO-RÉALISTES.

Les objectifs du rapport de l’Association des Climato-Réalistes sont de dissiper les peurs irrationnelles et formuler des propositions concrètes.

Mettre fin aux subventions prétendument écologiques
Les subventions écologistes se comptent par centaines ou par milliers. Plus nombreux encore sont les dispositifs d’aide. Pour le seul « Plan de Relance », un document officiel en dénombre 132. La mise en œuvre de toutes ces subventions occupe à plein temps des dizaines de milliers de fonctionnaires. Combien ces subventions coûtent-elles annuellement aux contribuables ? On se limitera à 3 d’entre elles : les énergies renouvelables, les transports verts et les véhicules électriques.
A titre de comparaison, rappelons que le budget de la Justice, dont tout le monde reconnaît l’importance stratégique, est d’environ 9 Mds €…

1) Énergies renouvelables
L’électricité renouvelable est en 2018 directement subventionnée à hauteur de 6 Mds €/an. L’électricité produite est obligatoirement achetée par EDF à un prix fixé par les pouvoirs publics et qui est supérieur de ce montant aux prix de marché. En réalité, les renouvelables bénéficient de bien d’autres privilèges qui peuvent être considérés comme des subventions, ce qui augmente le montant des subventions dont bénéficient les renouvelables.

2) Transports verts
Le chemin de fer et les transports publics fonctionnent à un coût bien supérieur à ce que payent les usagers. La différence (subvention payée par les contribuables) s’élève à plus de 22 Mds €/an.

3) Véhicules électriques
Un véhicule électrique, qui coûte au moins 10 000 € de plus qu’un véhicule thermique, ne peut être vendu que lorsqu’il bénéficie de la part de l’État ou des collectivités territoriales d’une subvention. L’État offre en général :

  • Un bonus écologique jusqu’à 6 000 € ;
  • Une prime à la conversion qui peut atteindre 5 000 € ;
  • Des subventions versées par certaines collectivités locales pouvant atteindre 6 000 €.

Retenons un très prudent total de 12 000 € par véhicule, soit, pour les 160 000 véhicules vendus en 2021, 1,9 Md € de subventions. S’ajoute à cela la perte des taxes spécifiques sur les carburants (-500€ /an/véhicule)
Pour ces seuls trois exemples, la facture s’élève déjà à plus de 30 Mds € par an et augmente régulièrement. La prise en compte des subventions à l’agriculture biologique et de l’isolation thermique porterait certainement ce total au-delà de 40 Mds €/an. Beaucoup d’entre elles pourraient être réduites ou supprimées. À peu près toutes les propositions « écologiques » ont d’ailleurs deux caractéristiques : d’un côté, elles sont présentées comme des innovations majeures ; d’un autre côté, elles ne peuvent pas se développer sans subventions… L’expérience des siècles passés suggère que ces deux caractéristiques sont contradictoires : la machine à vapeur, l’avion, etc. ont toutes contribué à améliorer notre niveau de vie. Certaines d’entre elles ont bénéficié d’un petit coup de pouce protectionniste. Mais aucune d’entre elles ne s’est développée grâce à un système aussi massif et durable de subventions !

Sortir de la politique énergétique de Bruxelles et de Berlin
Bruxelles avait besoin d’un nouveau métarécit : ce fut le changement climatique. François Mitterrand ne voulait pas que la politique de l’énergie soit décidée à Bruxelles : il craignait que les fonctionnaires européens ne s’opposent au choix nucléaire français. Le traité de Lisbonne l’a permis, en accordant à l’Union une « responsabilité partagée » avec les États membres sur les infrastructures et les énergies renouvelables (le traité précise toutefois que le choix des énergies, y compris le droit d’exploiter ses ressources est de la responsabilité exclusive des États membres ; pour combien de temps encore ?).
L’UE est aujourd’hui dominée par l’Allemagne, laquelle ne possède pas de grande entreprise pétrolière et gazière comparable à TotalEnergies, donc elle a peu à perdre. En réaction à son passé, elle est devenue pacifiste et donc antinucléaire. L’Energiewende (la transition énergétique) s’est donc imposée à Bruxelles comme une nouvelle stratégie et l’UE est aujourd’hui la championne incontestée de la lutte pour la décarbonation… que personne ne cherche pourtant dans le monde à imiter. Étrange, non ? Si ses émissions de CO2 ont chuté de 20% depuis 1990, c’est avant tout parce qu’elle a externalisé son industrie lourde.

Des politiques d’économie d’énergie ont eu aussi un certain effet. Ce ne sont toutefois pas les nouvelles énergies renouvelables qui ont permis cette diminution, car elles ne représentent en 2019 que 2,9% de la demande d’énergie.
Depuis le Sommet de la Terre de 1992, les émissions mondiales de CO2 ont augmenté de 58% et les besoins de croissance économique dans le monde sont si criants que la tendance n’est pas près de s’inverser. Les populations dans le besoin ne demanderont l’autorisation de personne pour utiliser l’énergie abondante et bon marché que sont les énergies fossiles.
La France a les moyens de prendre la tête de ce front du refus que l’Allemagne abandonne l’énergie nucléaire, filière où, en se dépêchant, la France peut redevenir un pays qui compte. Les énergies éoliennes et solaires ne sont pas une solution. La production électrique restera donc durablement dépendante du pétrole et du nucléaire.
Les pays en développement qui n’ont même pas assez d’électricité pour leurs besoins élémentaires n’ont pas les moyens de penser à l’électromobilité. En conséquence, le moteur diesel a encore une longue vie devant lui. Les constructeurs automobiles devront continuer à en améliorer les performances énergétiques et environnementales. Il faut relancer un vaste programme de recherche et développement nucléaire, que permet le traité Euratom. Pendant que la Chine, la Russie et les États-Unis investissent dans les réacteurs de génération 3 et 4, l’UE en était encore à se demander s’il fallait considérer l’électricité nucléaire comme durable… ce qui, heureusement, fut fait. Cette attitude est sur le point d’anéantir un demi-siècle de savoir-faire.

Concevoir une agriculture unie et diverse
Chacun connaît les dangers de l’amiante ou du tabac. Si des dangers comparables concernaient les aliments non « bio », les autorités sanitaires en auraient depuis longtemps interdit la production. Certains projets témoignent d’une ignorance des réalités naturelles. Par exemple, on envisage dans le mouvement « écologiste » de réduire la consommation de bœuf et de sanctuariser les prairies. Problème : sans pâturage des bœufs, on ne sait pas empêcher les prairies de se transformer en taillis, puis en forêts…
Depuis 40 ans, la glyphosate a rendu d’immenses services à l’agriculture mondiale, en ne posant de problème ni sanitaire ni environnemental. Il s’agit d’un herbicide aux performances exceptionnelles ; rappelons que les mauvaises herbes sont les pires gaspilleurs d’eau. En 2015, le Centre international de recherche sur le cancer a soudain décidé de classer le glyphosate « cancérogène probable ». Cet avis a été immédiatement contesté par les agences de sécurité sanitaire française, européenne et mondiale.
Tous ces éléments rassurants n’ont pas empêché le ministre de l’époque, Nicolas Hulot, de s’opposer au renouvellement de l’autorisation du glyphosate. Une période de « transition » a tout de même été accordée aux agriculteurs français dans l’attente d’une solution de substitution… toujours non trouvée à ce jour.
Il faut également sortir de l’approche “décroissantiste” de la production agricole face aux besoins toujours grandissants, eux, de la population. Nous devons fonder une agriculture unie mais diverse, à l’écoute des avancées de la science et respectueuse de la nature. Ni créer un voile paralysant le progrès pour sauver une planète « polluée », ni promouvoir une agriculture repeinte en vert qui proposerait viandes de laboratoire et insectes ne sont pas un avenir souhaitable.

Ajoutons que les critiques faites aux éleveurs en matière de bien-être animal sont largement infondées. Comme le savent bien tous les professionnels du secteur, un animal maltraité est évidemment moins performant pour produire œufs, lait ou viande.
Il convient donc de se positionner contre le projet de réforme de la Politique agricole commune (PAC), parce qu’il répète et aggrave les erreurs passées.
Nous avons besoin d’une autre politique, qui vise à une agriculture à l’écoute de la science, respectueuse de la nature et soucieuse d’en obtenir le meilleur en qualité et quantité. Il est tout aussi urgent d’en finir avec la surtransposition française des normes européennes.

Florent Ly-Machabert