Qu’est-ce que la “pentification”…

… de la courbe des taux d’intérêt ?

On désigne par « pentification de la courbe des taux », « pentification » tout court, voire « pentification des taux », la situation dans laquelle la forme de la courbe des taux d’intérêt obligataires se modifie pour passer d’une courbe concave (pointillé vert dans le graphique ci-dessous, où le financement court terme est moins cher que le long terme) à une courbe convexe voire une droite, du fait du redressement des taux d’intérêt long terme (quadrant en bas à droite).

Nous rappelons ici que le taux d’intérêt, lorsqu’il n’est pas comme aujourd’hui administré par les banquiers centraux, est un prix de marché : celui des fonds prêtables disponibles, mais aussi celui du risque pris par le prêteur et celui du temps, l’épargnant cherchant à compenser son renoncement à la liquidité par l’encaissement d’un taux d’intérêt. Dans ce contexte, il est donc logique que le taux d’intérêt soit une fonction croissante du temps (et du capital prêté), car plus l’investisseur emprunte sur une longue durée, plus le risque de défaut s’accroît et plus le prêteur renonce longtemps à la liquidité de son avoir. Aussi comprend-on mieux que l’autre nom de la pentification soit la « normalisation » de la courbe des taux. Ce phénomène s’observe lorsque les prêteurs exigent une rémunération d’autant plus élevée que l’échéance est lointaine, notamment pour se protéger du risque d’inflation. Toute pentification est donc associée à des anticipations de hausse de l’inflation à terme, ce qui est bien le cas actuellement. Les banquiers centraux sont toutefois contraints par les énormes encours de dettes publiques des pays occidentaux qui ont tous « monétisé le Covid », ce qui les dissuade de remonter les taux directeurs (courts) trop brutalement. Voire de les remonter tout court. L’Histoire dira. 

Y a-t-il donc actuellement pentification ? Non !

Toutefois, les anticipations haussières sur l’inflation sont actuellement neutralisées par les craintes de récession, si bien que la situation dans laquelle le marché obligataire se trouve d’ores et déjà outre-Atlantique est celle d’une “inversion” de la courbe des taux (en gris dans le quadrant en haut à droite), qui traduit que le risque court-terme, du fait de la menace que fait peser une récession hic et nunc sur l’économie américaine, est plus élevé (donc mieux rémunéré) que le risque long-terme. Cette anomalie est même utilisée comme signe avant-coureur de toute récession économique. Actuellement (au 22/08/22), le 2-ans US se rémunère 3,28% contre un 10-ans à 2,97%. CQFD.

Source : Lafinancepourtous.com

Florent Ly-Machabert