La June, une monnaie libre de dette
L’argent que nous utilisons tous les jours provient à plus de 90% des crédits bancaires. Les euros en circulation sont donc créés par des banques privées à partir de rien. L’euro, le dollar, le yen, etc. sont des « monnaies-dettes », car issues d’un crédit dit fiduciaire (même si la monnaie est émise sous forme scripturale et non fiduciaire, c’est-à-dire des espèces). Lorsqu’une dette est remboursée, nous versons le montant de la dette et l’intérêt et détruisons définitivement la monnaie initialement créée. La banque encaisse l’intérêt, mais le montant principal, lui, est détruit. La monnaie provient du néant, et revient au néant. Cela est très important à comprendre.
Au final, une grande partie de la masse monétaire est destinée à être détruite. Nous sommes donc perpétuellement dans une boucle de recours au crédit pour avoir de la monnaie.
Pour éviter tout cela, il existe des monnaies libres. La 1ère monnaie libre en circulation s’appelle la « June » (symbole : Ğ1). La création monétaire des Ğ1 est spontanée, quotidienne, gratuite, et uniformément répartie entre ses membres. Chaque membre voit chaque jour une dizaine de Junes apparaître sur son compte : il s’agit du dividende universel (DU). La monnaie est donc constamment co-créée par les membres, et ne nécessite ni remboursement, ni intérêts.

Une autre propriété très intéressante de cette monnaie, c’est le fait que si vous ne vendez ou n’achetez rien, votre part de masse monétaire se rapproche de la moyenne. Le scénario ci-contre montre l’exemple de 3 personnes n’achetant ou ne vendant rien. Ainsi, les parts sont beaucoup plus équilibrées qu’au départ. Plus le temps passe, plus les parts s’équilibrent. La quantité relative de monnaie est constamment redistribuée de ceux qui ont plus de la moyenne, vers ceux qui ont moins que la moyenne. Il est bon de rappeler qu’il y a des variations dans la vie de tous les jours avec les différents achats et ventes possibles.
Pour entrer dans le dividende universel, il faut rentrer dans la toile de confiance. C’est un réseau de personnes physiques dont l’existence est attestée par 5 membres (co-optation).
La monnaie libre est créée en continu tant qu’il y a des membres vivants. Elle n’a donc pas besoin de croissance, ni de course au profit pour continuer d’exister. Ainsi elle peut être une solution pour accompagner une décroissance vers un monde plus sobre.
Rappels théoriques sur la monnaie
Tout d’abord, la monnaie que vous avez n’est pas le fruit de votre travail. La monnaie, c’est ce que vous acceptez en échange du fruit de votre travail.
Ce sont donc les banques commerciales qui créent la monnaie que nous utilisons tous les jours. C’est la banque qui décide qui a le droit à la monnaie, selon ses critères. Globalement il faut rembourser plus qu’il n’y a de monnaie en circulation. Les conséquences qui en découlent sont donc : course au profit, et faillite pour les plus fragiles. Cette course au profit entraîne entre autres l’épuisement des ressources.
Dans le système de la monnaie libre, la monnaie est créée à parts égales pour tous les membres, sans dette et sans intérêts à rembourser. Chaque membre crée sa propre fraction de monnaie. La création permanente de monnaie allège la peur de l’avenir et favorise un comportement de collaboration, de confiance mutuelle et d’entraide.
Nous utilisons la monnaie comme unité de mesure. Le mètre a été défini comme la distance de l’équateur au pôle divisé par 10 000 000, et le degré Celsius comme la différence de température entre le gel et l’évaporation de l’eau divisée par 100. Pourtant, nous n’avons pas de repères pour définir la valeur d’une unité monétaire. Cette valeur varie dans le temps et l’espace. Une monnaie peut être dévaluée par simple création d’unités supplémentaires. Avec une monnaie libre (de dette), l’unité de mesure serait la quantité de monnaie produite chaque jour par individu. Lorsque la monnaie libre sera pleinement en place, cette quantité représentera toujours la même portion de monnaie par rapport à la masse monétaire globale ; ce qui en fait un invariant à travers le temps et l’espace.
La June (Ğ1)
La Théorie Relative de la Monnaie (S. Laborde, 2010) théorise 4 grandes libertés économiques :
- La liberté de choix de son système monétaire ;
- La liberté d’utiliser les ressources ;
- La liberté d’estimation et de production de toute valeur économique ;
- La liberté d’échanger, comptabiliser, afficher ses prix « dans la monnaie ».

Pour respecter les 4 libertés, il faut que chaque humain crée la même part de monnaie. Chaque génération créé la monnaie qu’elle utilise sans que cette monnaie ait un impact sur les générations futures.
La formule de la Ğ1 est : DU=c.(M/N). La part que chaque être humain crée (Dividende Universel) est une portion, un coefficient (c) de la moyenne de la masse monétaire par membre (M/N). Ce coefficient c doit être proche de 10% par an pour ne privilégier ni les plus jeunes, ni les plus âgés.
Conformément à la Théorie Relative de la Monnaie (TRM), la « June » est co-créée sans dette et à parts égales, entre tous les membres de toutes les générations, sous la forme d’un « paquet » de monnaie, une quantité de Ğ1, appelée le Dividende Universel. Les enfants sont des membres à part entière, qui participent à la création monétaire en créant tous les jours leur part de monnaie.
La Ğ1 s’appuie sur la blockchain pour sécuriser et décentraliser les données. L’algorithme a été conçu pour consommer très peu d’énergie : un ordinateur de la taille d’un paquet de cigarette suffit pour calculer les blocs, bien loin des immenses fermes à bitcoin.
Pour respecter la décentralisation et ne donner le pouvoir à aucun organisme, ce sont les membres eux-mêmes qui identifient et co-optent les autres membres.
A noter que la Ğ1 n’appartient à personne. De plus, aucune monnaie libre ne saurait avoir de « site officiel », car il n’y a pas d’autorité qui la gouverne. La Ğ1 n’a pas de tête. La Ğ1 n’a pas de centre. Chaque membre est libre de contribuer comme bon lui semble, sans attendre que qui que ce soit ne lui en donne l’autorisation. S’il souhaite collaborer avec d’autres membres sur certains projets, il suffit de se manifester sur n’importe quelle plateforme ou réseau sur lequel se trouvent des « junistes ».
Pour utiliser cette monnaie, il suffit de télécharger et installer l’application césium à partir du site cesium.app, puis d’ouvrir un compte. La June est par ailleurs échangeable sur le réseau de services SINAPS (sur co-optation aussi).
Le physicien P Guillemant dont les lecteurs de Finance & Tic sont coutumiers est à l’origine de la June et de SINAPS.
Florent Ly-Machabert
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