Krach, pas krach ?

La période estivale des congés n’est pas encore achevée mais force est de constater que la prophétie de Jacques-a-dit d’une grave crise financière ne s’est pas vérifiée. Pas encore ? Certes, Evergrande, le géant de l’immobilier chinois, est tombé, mais le régime de l’Empire du Milieu est complice de cette « opération » qui n’est que le commencement d’un grand apurement comptable et financier destiné à sacrifier un peu de croissance économique pour une plus grande stabilité du renminbi.

Cette considération nous conduit immédiatement à évoquer le Sommet des BRICS de Johannesburg qui vient d’officialiser l’entrée de 6 nouveaux membres, dont nous décortiquons les fondamentaux économiques dans le numéro 33 de Finance & Tic à paraître le 01/09 prochain. Il s’agit de l’Argentine, de l’Arabie saoudite, de l’Egypte, des Emirats arabes unis, de l’Iran et, de façon quelque peu surprenante, de l’Éthiopie, ce qui porte à 11 le nombre total de membres de ce club des « nouveaux géants », qui incluait déjà le Brésil, la Russie, l’Inde, la Chine et l’Afrique du Sud. Exit donc le Mexique qui en a jadis fait partie, conduisant même le club des émergents à se rebaptiser un temps les BRICSAM.    

Nous notons au passage que les 6 nouveaux membres couvrent bien les 5 continents, puisque s’adjoignent aux BRICS (qui les couvraient déjà…) un second pays d’Amérique du Sud, un deuxième et un troisième pays africains et trois nouveaux pays moyen-orientaux. Par-delà la géopolitique, des renforcements commerciaux, économiques et financiers sont donc à attendre rapidement entre ces 11, mais en particulier, au sein de grandes aires géographiques : d’une part, entre l’Argentine et le Brésil, la première devant bénéficier de l’attractivité latino-américaine et internationale (selon les productions) de la seconde et, d’autre part, au sein des pays arabes, jadis ennemis géopolitiques et religieux : c’est le cas de l’Arabie saoudite (sunnite), qui tourne ainsi définitivement le dos aux États-Unis (et aux accords de protection de Quincy) et de l’Iran (chiite), allié des Russes. Enfin, le continent africain fait, d’une certaine façon, son entrée dans la cour des grands, en accrochant à la locomotive sud-africaine le wagon, cahoteux, égyptien et celui, à la trajectoire un peu plus incertaine à ce stade sans que cette situation n’en ressorte pour autant infondée, de l’Éthiopie. Pour lors, rien n’a encore filtré du projet de « monnaie commune », même s’il semble difficilement imaginable que l’or n’ait pas un rôle actif à jouer dans le nouveau système monétaire international dédollarisé à l’avènement duquel œuvrent les BRICS, ou plus exactement les BRICSAAEEEI !  

Côté français, seul le débat du budget 2024 semble tirer l’Exécutif de la torpeur estivale, propice cependant pour acter des hausses d’impôts censées éloigner les mâchoires de l’étau entre lesquelles le Gouvernement s’est lui-même piégé : celle, d’une part, de la dette publique qui continue de flamber (+1000 Mds € depuis que Macron est aux affaires), et celle, d’autre part, des besoins d’investissements, notamment en matière environnementale et de services publics, que l’État devra financer dans un contexte de remontée en flèche des taux d’intérêt. Ironie du sort, 36 mois après le début de la psychose Covid, pour dégager en 2024 les « 10 à 12 Mds € » que Bruno Le Maire avait évoqués dès la fin juin, ce sont les dépenses de santé qui devraient d’abord être réduites : contrôle accru des arrêts maladie, hausse de la franchise à 1€, etc. Sait-on dans l’équipe Borne qu’additionner des bouts de chandelle ne fait pas une bougie ?      

Dans contexte qui demeure troublé et où un krach n’est toujours pas à exclure, rechercher un rendement au moins égal au taux d’inflation annuel de long terme, que nous estimons à près de 5%, demeure un impératif catégorique, en direction duquel les équipes de Samarie & Cie et du Courrier des Stratèges continuent de vous accompagner, notamment en vous proposant notre nouvelle chaîne YouTube premium commune lancée au début de l’été.

Florent Ly-Machabert